Vous savez peut être que mon parcours lors du
World Poker Tour de
Barcelone s'est
arrêté, de façon assez atroce d'ailleurs, à la 23ème place. 23ème d'un
WPT, il y a
sûrement pire, et pourtant, les minutes qui ont suivies ma sortie ont été rudes..
Retour sur une journée peu ordinaire..
Tout d'abord, une séance de thérapie avec ma petite finger fée, qui arrive à me convaincre que tout va bien se passer! Je suis à une table assez difficile, avec notamment l'excellentissime hollandais qui m'a pris une tonne la veille. J'ai également Big Roger en face de moi. On peut dire ce qu'on veut sur ce gars, mais il est toujours sympa, fait souvent des blagues, bref moi j'aime plutôt bien!
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La première main donne le ton, j'ai bien sur déchatté au tirage du bouton, puisque je suis siège 6 et qu'il est au 4! Je dois donc payer la grosse blind, et tout le monde passe jusqu'à mon voisin de droite, le 3ème en chips du tournoi avec 310.000. Comme je m'y attendais il raise, et comme il devait d'ailleurs s'y attendre j'annonce instantanément all in, et pousse mes 63400 au milieu! Pour info j'ai un as, ça aide! Il folde assez rapidement.
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A trop vouloir me maintenir dans les 80.000 je vais faire un raise stupide à 15.000 jetons avec A5. Big Roger doit voir que je suis pas serein, et il me met une méga sur relance dans les dents!
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Peu de temps après le turc du siège 3 relance à 12.000, et je préfère ne pas tergiverser avec mes 60.000 jetons que je dépose au centre du tapis ( A 10 de pique en main). Il passe après avoir bien tanqué, et surtout en grommelant une sorte de charabia qui doit vouloir dire "Connard, refais plus ça..."
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Ce qui tombe très bien puisque un orbite plus tard il relance à 20.000 (le tour coûte 11500), soit 8000 de plus que les relances habituelles de la table. Excellente idée puisque j'ai deux rois en main! Je le sur relance à 50.000, pensant qu'il va payer à l'égo, mais cette fois il jette très vite, en rouméguant encore..
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Il faudra a peu prés 1h30 de jeu un peu stressant pour passer la bulle. Nous étions 45 au départ de la journée, et nous sommes alors 36. Malheureusement nous venons de perdre la charmante Léo à la 40ème place, le tournoi est désormais uniquement masculin, ce qui fait d'ailleurs jaser Big Roger.
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A partir de ce moment là, ma table casse et je suis transféré à une table ou il y a relativement peu de jetons. J'ai alors 80.000, et je vais réussir à maintenir ce nombre de jetons une grosse heure. Pas vraiment en pratiquant un jeu sophistiqué il est vrai... dés qu'un pot n'est pas relancé et que je suis au cut of ou bouton, ou small blind, et que je vois un As pas trop mal accompagné, je push si j'ai moins de 60.000. Dés que je repasse dans la zone 60/80000 je m'autorise une relance pour 15.000 jetons..
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Les éliminations se succèdent, a peu prés une toutes les 10 minutes, et je commence à me dire que la table finale (9 joueurs) est tout à fait jouable. Le problème c'est qu'avec mes 80.000 jetons quand la moyenne est à 200.000 je fais un peu rire les oiseaux..
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Nous sommes 23 (au passage c'est très classe d'être dans les 3 dernières tables d'un WPT quand même!) et je reçois Roi Valet UTG+2, alors que nous sommes 8 à la table. Comme je l'ai déjà fait 5 ou 6 fois je push, mais c'est la première fois que je le fais sans la position. Inutile de dire que c'est pas un move très recommandé par l'école pokerienne de serrurologie..
Inutile de dire également que si j'avais eu 160.000 jetons j'aurai fait normalement le fold qui s'imposait, ou alors une ouverture classique. Tout le monde passe, mais pas la grosse blind, un finlandais au nom imprononçable qui vient juste de s'asseoir de grosse blind. Il paie avec une paire de 9, et ce sera donc un banal coin flip qui va décider du sort de mon tournoi! A la maison, ou à 180.000 jetons!
Je retiens mon souffle, et là c'est le pied, le flop est magique! Il n'y a pas un roi ou un valet, il y a un roi ET un valet!! Je suis en train de vite regarder si mon adversaire a le 9 de trèfle car il y a deux trèfles au flop, quand le croupier retourne la turn, ... le 9 de pique! Celui que dans le milieu du bridge on surnomme le 9 de la poisse. Mon adversaire avait 2 outs, il vient d'en trouver un..
La rivière sera une brique sans importance, je suis assez sonné par ce déroulement. Perdre un flip parcequ'on n'arrive pas à améliorer sa main est une chose. Le perdre après être passé à 90% de chance de gain dans une fin de World Poker Tour en est une autre..
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Bon tout n'est pas noir, je retiendrai plusieurs choses de mon séjour
- j'ai rencontré des gens sympas. Principalement à la fin de mon séjour. Je pense par exemple aux deux Tristan. Également à Léo Margrets avec qui j'ai un peu discuté de temps en temps et qui m'a du reste dit qu'elle visiterait mon blog!
- j'ai été impressionné par le hollandais Steven Van Zadelhov, sorte de jumeau de Gus Hansen. Non seulement il joue extrêmement bien, mais en plus il a une prestance naturelle qui fait qu'on a vraiment pas envie d'aller se frotter à lui. Mais dés que la donne est terminée, ou lors des pauses, il redevient trés sympa et explique la façon dont il a perçu et joué le coup.
- au niveau expérience jouer ce genre de tournoi est incomparable. D'ailleurs une fois la bulle passée je n'ai plus eu aucune appréhension, j'attendais les bons spots. Aucun rapport avec l'EPT de 2008 ou dés la bulle passée je m'étais envoyé en l'air.
- Enfin au niveau du jeu joué, je suis dans l'ensemble très satisfait. Sans un bad beat et un désert de cartes invraisemblable j'aurais fini le jour 2 beaucoup mieux que ça, mais de toutes façons, les tournois ne se jouent qu'à partir du jour 3! D'ailleurs, le jeune hollandais qui était leader à 340.000 jetons à fini... 28ème! J'ai réussi à aller jusqu'à la fin de mon parcours sans jouer le moindre coin flip, en gagnant des jetons petit à petit. Bon attention, des grosses fautes j'en ai fait aussi. Notamment celle, qui n'est pas acceptable, de ne pas changer de vitesse lorsque j'avais 160.000 à la mi day 2! Impardonnable.
L'espagnol contre qui j'ai fait le check raise avec air lors du jour 2 est revenu me parler de cette donne tout à l'heure! Il m'avait semblé que sur le moment il m'avait montré une dame, mais j'avais confondu les donnes, puisqu'il m'a dit avoir eu paire de 6. Ce fut pour moi mon plus beau coup du tournoi, et je sais que désormais j'ai ce genre de trucs là dans mon attirail, ça aide..
Bon je suis pas encore du niveau d'un Clemençon ( il parle de poker avec une aisance assez hallucinante! Et surtout, lui a gagné son coin flip vital!), ou d'un Steven Van Zadelhov mais l'écart se ressère..
Et à force de diminuer.................... :)